Moi Et Marianne
A vous Madame, qui êtes blottie sur le trône du Roi
Pourquoi me dévisages tu avec cet air furieux ?
Pourquoi t’empresses-tu de me fermer tes portes au nez
Devant les faibles comme moi ?
Je te vois porter les clés de tes geôles
Et tu fais exprès de me faire entendre leurs tintements
Est-ce que tu détestes ma présence ?
Ne te fâche pas Madame
Car mes cellules s’entrechoquent
Et mes mots bégayent
Et avec ces mélodies
Les mots deviennent vides de sens et mon visage s’assombri
Et les soupirs…et les tremblements coléreux…lorsque vous assistez
Dans un silence hypocrite, ponctué de dénégations
Qui giflent ma figure et ma conscience
Qui assassinent les lettres des mots
Pourquoi le mot « vérité » n’est plus un mot ?
Pourquoi n’a-t-il plus le même sens ?
La même véracité ?
Ah !
C’est l’enfer d’un cauchemar non écrit
Car les mots sont devenus hypocrites
Ils se poudrent le visage
Ils se tortillent
Comme une vieille qui se prend pour une demoiselle
Dont les dents resplendissantes de blancheur
Cachent une odeur pestilentielle
Et dont les doux cheveux
Qui tombent jusqu’aux ongles de ses pieds
Dissimulent des rongeurs du temps gâché
Et sous les fards et le maquillage
Il y a des veines bleues dans lesquels grouillent des parasites
Tu me menaces de sanctions
Tu me pointes du doigt
Tu me menaces et tu me promets
Qu’un jour, un jour tu me feras des choses
Tu te levés et tu te rassoies
Tu répands ta colère comme des fantômes
Peu importe pour toi que mon corps se recroqueville
Et que je sois terrifié
Lorsque tu dis
Va-t’en, je ne veux pas de toi maintenant !
Je t’ai demandé Madame, quand veux-tu de moi ?
Avec colère et insistance
Tu me tends la main pour me pincer
Et tu m’empoisonnes d’un seul de tes mots
Et tu m’infliges des sanctions de toutes sortes
Et tu me jetés une mèche pour me bruler
Et avec un point de fer, tu massacres mes rêves
Tu les anéantis puis tu les pétris de nouveaux à ta façon
Tu fais naitre en moi un volcan
Que tu éteins en une seconde
Une mer apparait, tant mes larmes sont abondantes
Que tu effaces de tes mains
Tu me nommes d’un mot
Que tu supprimes à chacune de tes colères
Et puis quand tu me tiens la main jusqu’à me faire mal
Ecris ou n’écris pas
Signes ou ne signes pas
Car ton existence m’indiffère
C’est là que j’ai compris
Que je dois être à ton service et que tu me convoque à ta guise
Ma bien aimée, c’est ainsi que tu est, mais moi ….
Je suis devenu Rien. Sans adresse ni preuves
Ni un humain, ni temporalité
Je suis devenu apatride
Je suis une barque dans une mer de blessures, une barque qui ne posséde aucune ancre
Elle s’est perdue parmi les rivages de la vie et a fini par s’égarer parmi les abysses de la douleur
Je suis fatigué
Je ne sais plus qui je suis
Je me suis mis debout face à mon miroir
J’ai décidé donc
D’effacer mon acte de naissance
D’effacer mon nom et de jeter mes papiers….
Pardon ma chérie !
C’est toi qui est le Sujet, et je ne suis qu’un Object
Je sais que je ne suis pas assez fort pour me lever et t’affronter
Mais je ne peux me prosterner pour te baiser les mains
Je ne suis pas assez fou pour te craindre
Ni assez manipulateur pour t’amadouer
Pardon, je ne suis pas libre mais entre tes mains, je ne suis pas ton esclave
Je ne suis ni l’un ni l’autre
Ma bien aimée
J’ai vu ton image partout et les riches te considèrent comme une déesse
Je t’ai également vu dans les bas-fonds, des banlieues
Je t’ai vu représentée par les quatre policiers qui m’ont soulevé
Pour me poser en enfer
Et m’enfermèrent dans une cage
Ensuite ils m’interrogèrent interroger
Voulez-vous déposer une demande d’asile humanitaire ?
Est-ce qui ce qui a commencé d’une façon inhumaine peut-finir par devenir humain ?
Ensuite je t’ai vu représenté par trois juges dépourvus de toute humanité
Assis, hautains et égoïstes dans leurs fauteuils
Comme s’ils étaient trois dieux grecs
Le dieu des forces du Mal, Seth était furieux, au milieu de cette salle sacrée
Le dieu de la Mer, Neptune a noyé tous mes rêves d’enfant
La déesse de la Chasse Diana a fait de moi sa victime expatriée
Deux coups de marteau, broyèrent mes espérances et mes rêves….
Ma bien aimée
Ce n’est pas juste, qu’après avoir traversé toutes les frontières
Et rêvé d’humanité
Tu viennes me blesser avec ta violence
Et qu’avec force tu me jetés dans un cachot
Pourquoi ?
Tout ce que je t’ai apporté est bien plus beau
Après tout ce que tu m’as fait subir, aujourd’hui tu me rejettes
Si j’acquiesce
Tu m’humilies avec ta colère
Et si je dis la vérité
Tu fais de moi le diable et tu m’ignores
Moi chère Madame, je ne suis qu’un être humain
Je ne suis ni diable, ni ange
Ce sont tes dédales et tu cherches à m’y perdre.
Ma bien aimée
Faisons du passé table rase
Notre présent avant notre passé nous interpelle
Laisse-moi ma chère ne pas respecter tes lois
Laisse-moi me reposer entre tes bras
Et tenir un moment ta main droite
Et me recouvrir avec ta main gauche
Laisse-moi entremêler mes doigts dans les tiens
Laisse-moi te cajoler
Et ne demande rien
Ne me refuse pas
Et ne parlemente pas
Laisse-moi simplement exprimer mes sentiments
Laisse-moi pleurer tout mon saoul et ne sèche pas mes larmes
Ou laisse-moi partir
Vers la ville des affranchis
Qui n’existe pas
Là-bas où
Les hommes vivent sans remparts ni chaines
Là-bas où
Les pays ne portent pas de noms
Là-bas où
Tous les rêves se réalisent
Ma bien aimée
Je suis un enfant sans pays
Exilé qui garde la tête haute
Mon âme est présente
Aux fonds des océans et dans les gouttes de pluie et sur les couches de neiges et dans les flammes du feu. Je ne suis qu’un reste d’humain, je suis les vestiges de Cain piétiné par les talons du Temps.
Ma bien aimée
Lève-toi et élève-toi à la hauteur des prairies de mon amour.
Regarde-toi dans les reflets de mon visage
Quittes ton masque
Dépouille-toi de tes habits de Racisme et d’hypocrisie.
Ne fais pas de différences.
N’asservis plus
N’étouffe pas les voix
Non, milles fois non.
Milles larmes, milles cris dans les abimes des océans et dans les marchés aux hommes.
Prends ma main et regardes l’aube se lever.
Brise tes remparts
N’en rajoute pas et n’exagéré rien.
Cesse d’annone slogans appris par cœur
Des slogans dont nous sommes dégoutés et dont nous nous ne voulons plus
Cesse de démolir les valeurs que nous avons construites patiemment.
Ne met pas fin à notre relation, malgré les milles failles qu’elle contient